Yaoundé, le 03 Novembre 2023 – Une nouvelle étude a révélé des contrôles inadéquats de la pollution et une contamination étendue au plomb à l’intérieur et alentours de trois usines de recyclage de batteries au plomb usagées (BPU) au Cameroun. Les niveaux de contamination dans le sol variaient jusqu’à 7,6 % de plomb à l’intérieur des usines et jusqu’à 15 % de plomb à la lisière de la clôture de celles-ci.
L’étude intitulé « étude sur la contamination des sols dans les usines de recyclage des batteries au plomb à Douala, au Cameroun » comprenait des échantillonnages et analyses des échantillons de sol prélevés à l’intérieur des usines et dans les quartiers environnant de ces trois usines de recyclage des BPU autorisées en fonctionnement au Cameroun. Les concentrations de plomb dans ces usines de recyclage étaient en moyenne de 22 952 parties par million (ppm), soit plus de 2 % de plomb. Les concentrations supérieures à 80 ppm (0,008 %) sont considérées comme dangereuses pour les enfants.
Le recyclage des BPU est une industrie en pleine croissance en raison de la demande accrue de batteries au plomb dans les véhicules et dans d’autres applications, notamment l’alimentation de secours pour les systèmes solaires, les ordinateurs et les tours de téléphonie cellulaire. L’étude démontre que la pollution au plomb sur ces sites pose un risque continu pour la santé humaine et l’environnement.
« L’étude a révélé que les réglementations gouvernementales et les capacités de leur application sont inadéquates pour protéger les travailleurs et les enfants contre les expositions excessives au plomb provenant des activités de recyclage des batteries au plomb usagées », a déclaré le Dr Gilbert KUEPOUO, directeur exécutif du CREPD.
Une étude antérieure publiée en 2018 portant sur cette industrie au Cameroun et dans 6 autres pays africains a révélé des problèmes similaires avec ces usines. « Nos récentes analyses ont montré que même les usines de recyclage des BPU nouvellement approuvées à Douala manquent d’équipements appropriés et sont à l’origine d’une contamination importante. », a ajouté Dr. KUEPOUO.
Peu de pays d’Afrique disposent d’une réglementation adéquate régissant les opérations et les émissions provenant du recyclage des batteries au plomb. Dr. KUEPOUO a déclaré que « Les industries du recyclage des batteries au plomb devraient être tenues de divulguer publiquement leurs émissions atmosphériques et les rejets au sol sur une base annuelle. »
Dr. KUEPOUO a noté que certaines de ces usines sont situées à proximité des terres agricoles et d’autres sont situées dans des zones densément peuplées.
Perry Gottesfeld, Directeur Exécutif de Occupational Knowledge International et co-auteur de l’étude, a déclaré que « Notre étude a démontré qu’il existe des niveaux alarmants de contamination au plomb provenant de ces usines qui menacent la santé des résidents locaux. » Il a ajouté que « le Cameroun a été trop laxiste en permettant à ces usines de s’implanter localement sans s’assurer au préalable que des mesures sont en place pour contrôler les émissions et rejets dangereux ».
Les auteurs de l’étude ont appelé le gouvernement camerounais à renforcer les exigences en matière d’autorisation et de réglementation afin de garantir que les usines de recyclage mettent à niveau les contrôles de la pollution, de la ventilation et les normes professionnelles adéquates afin de protéger la santé publique et l’environnement. Les auteurs notent également que le Cameroun n’a pas de limite réglementaire de plomb dans le sol ou l’air.
Même de très petites quantités de plomb peuvent interférer avec le développement du cerveau d’un jeune enfant et provoquer des déficits neurologiques à vie. L’exposition au plomb est connue pour augmenter les comportements violents et antisociaux chez les enfants. Une étude récente a estimé que le plomb est responsable de plus de 5,5 millions de décès par an, principalement dus à des crises cardiaques et à des accidents vasculaires cérébraux chez les adultes exposés.
À propos du Centre de Recherche et d’Education pour le Développement (CREPD)
Le CREPD est une ONG basée au Cameroun qui se concentre sur les questions de santé et d’environnement en collaboration avec le gouvernement, l’industrie et les organisations non gouvernementales. Le CREPD promeut le développement durable par la gestion rationnelle des produits chimiques et des déchets dangereux, l’agriculture durable et l’exploitation minière responsable. Pour plus d’informations : www.crepdcm.com
À propos d’Occupational Knowledge International (OK International)
OK International est une ONG basée aux États-Unis qui s’efforce de renforcer les capacités des pays en développement à identifier, surveiller et atténuer les expositions environnementales et professionnelles aux matières dangereuses afin de protéger la santé publique et l’environnement. Pour plus d’informations : www.okinternational.org.
Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec :
Dr. Gilbert KUEPOUO
Directrice exécutive / CREPD
Téléphone(s) : 242 825094 ou 677202271
Courriel : kuepouo@yahoo.com