Au-delà du fait divers médiatique de la société-spectacle, comment opérer une analyse systémique de la conflictualisation des rapports entre l’employeur et l’employé ?
Point n’est besoin de nous plonger, à nouveau, sur les images humiliantes et déshonorantes de l’arrestation d’Ernest Obama, mais il s’agit, au-delà de toute passion, de toute émotion et de tout sentimentalisme, remarquer que les faits divers d’un tel acabit environnent le champ médiatique d’appartenance de l’homme de média aujourd’hui au banc des accusés.
En effet, ce n’est pas la première fois que le promoteur de ce groupe de presse procède à l’humiliation et à l’abrutissement de ses employés.
C’est devenu un rituel dans cette arène, une sorte de normalisation de l’anti-norme, une sorte de valorisation de l’anti-valeur ou encore un genre de modelisation de l’anti-modèle. Qui ne se souvient pas, par exemple, de l’humiliation de Xavier Messè, ancien directeur des rédactions du journal l’anecdote? Qui ne se souvient pas des anciens cadres de ce média aussi humiliés, limogés et rétablis dans leurs fonctions(Francis Bonga et autres).
Ceci est sans compter des personnalités publiques qui ont été filmées en posture incongrue dans leur cellule domestique.
Le cas de Vincent Sosthene Fouda en est une image patente gravée dans la conscience de plus d’un. Nous avons, dans la même veine, souvenance du cas de David Eboutou et Patrick Sappack, alors consultants de “Vision 4”, qui avaient été ostracisés et happés tels des vulgaires malfrats toujours au siège de l’immeuble de Nsam.
Accusés d’avoir, entre autres, fabriqué une fausse facture, ces deux figures de la scène publique avaient été interpellées et écrouées à la prison centrale de Yaoundé, où elles avaient passé trois ans.
Il n’est pas exclu que d’autres faits d’une telle essence colonisent l’actualité des faits divers de ce groupe de média, au point de nous en émouvoir.
En réalité, le fait qu’il y ait une monture de faits d’une telle envergure, le fait que ce type de fait suscite et alimente les commentaires les plus passionnés à chaque fois qu’ils se produisent nous plonge, in fine, dans la strate des faits divers médiatiques, lesquels traduisent, de façon macabre, une violation des droits de la personne humaine. Soit!
La victime d’aujourd’hui a participé, sans vergogne, à la théâtralisation de ce type de faits divers à l’époque où elle-même fut patron de cette chaîne.
C’est un système, dont le chef est en train de broyer ses enfants. Dans l’anthropologie du cannibalisme, nous dirions que le père est en train de manger ses enfants.
Certains s’amuseront à dire : “Après Xavier Messè, Nadine Patricia Mengue, Ernest Obama, à qui le tour? Ce n’est, pas du tout, amusant et sarcastique toutes ces images honteuses et scabreuses dans la division du travail au Cameroun.
Face à cet état de choses, des employés font, en général, de manière délibérée ou inconsciente, le jeu des patrons durant des années d’asservissement et d’aliénation de leurs pairs sans rien dire.
Le jour où eux-mêmes en sont victimes, l’on crie à la cantonade. D’ores et déjà, il faut que chacun(e) fasse son introspection et se rende compte, à un moment donné de l’histoire, qu’il(elle) a failli bien qu’étant, aujourd’hui, dans de sales draps.
Évitons de construire, nous-mêmes, un environnement, où nous servons les patrons capitalistes, esclavagistes et bolcheviques qui, au demeurant, lorsqu’ils constatent que nous sommes en disgrâce, nous jettent en pâture comme des bêtes de sommes et des épaves livrées à la gueule des appareils répressifs de l’Etat.
N’en parlons pas si jamais cette bourgeoisie compradore se rend compte que vous êtes devenus, entre-temps, son rival dans la dynamique des rapports de socialité et de sociabilité! Sur ces entrefaites, les lobbies de pouvoir s’entrecroisent et s’enchevêtrent au gré de l’activation des jeux d’intérêts.
L’enfant a-t-il dépassé le maître dans ce jeu des réseaux de pouvoir au point d’en user éperdument ?
Que chacun(e) tire les leçons de la dialectique du maître et de l’esclave, du bourreau et de la victime, de l’employeur et de l’employé. Les patrons ne sont et seront jamais vos amis malgré le copinage, la familiarité et l’affectivité qui peuvent agrémenter le champ socioprofessionel.
Que chacun(e) se regarde dans un miroir et dissipe toutes les formes de minoration, de discrimination, d’humiliation, de sous-évaluation et de disqualification qui struturent notre quotidien ambiant.
C’est un devoir collégial puisque l’arroseur d’aujourd’hui peut devenir l’arrosé de demain. Le bourreau aujourd’hui peut être affaibli et réduit à une victime demain.
C’est, malheureusement, la théorie de la roue qui tourne. Dieu voit toutes les misères de l’humanité et sait appliquer la sanction à tous les coupables.
Faisons attention à nous-mêmes, à ce que nous faisons et à nos postures à l’égard des tierces personnes. Nul n’est à l’abri des malheurs existentiels! Comprenne qui pourra et réagisse qui voudra!
Serge Aimé Bikoi,
journaliste et Sociologue du développement