En prélude à la célébration de la journée internationale dédiée aux travailleurs domestiques le 16 juin 2024, l’ASDAM, une association qui milite pour la défense des droits de ces travailleurs de l’ombre a lancé un plaidoyer à l’endroit des pouvoirs publics pour le respect de cette convention.
« Nous attendons que le gouvernement prenne conscience de la nécessité de protéger davantage les travailleurs(es) domestiques au Cameroun ».
Claudine Mboudou Mballa la président de l’ASDAM, l’Association pour le Développement des Assistantes de Maison (travailleurs domestiques) et du Syndicat national des travailleurs et travailleuses domestiques, professionnels (Snatdpro) est restée formelle : « sans la ratification de la convention 189, les choses iront toujours dans tous les sens avec les employeurs qui pensent qu’ils peuvent traiter les travailleurs comme ils veulent ».
Ce que dit la Convention 189
C’est la boussole qui guide le secteur du travail domestique dans le monde. Elle a été adoptée le 16 juin 2011, par la Conférence Internationale du Travail de l’Organisation internationale du Travail. Cette convention offre une protection spécifique aux travailleurs domestiques. Elle fixe les droits et principes fondamentaux, et impose aux États de prendre une série de mesures en vue de faire du travail décent une réalité pour les travailleurs domestiques. En, son article 3, la convention demande à tout membre de prendre des mesures pour assurer la promotion et la protection effectives des droits humains de tous les travailleurs domestiques comme prévu dans la présente convention.
En d’autres termes, que tout membre prenne à l’égard des travailleurs domestiques, les mesures prévues par la présente convention pour respecter, promouvoir et réaliser les principes et droits fondamentaux au travail, à savoir: la liberté d’association et la reconnaissance effective du droit de négociation collective; l’élimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire; l’éliminer toute forme de discrimination en matière d’emploi et de profession.
De ps, les Etats doivent prendre des mesures afin d’assurer que les travailleurs domestiques et les employeurs des travailleurs domestiques jouissent de la liberté syndicale et de la reconnaissance effective du droit de négociation collective.
La réalité camerounaise
Selon la présidente de l’ASDAM, les travailleurs domestiques au Cameroun sont confrontés au manque de liberté. « Certains employeurs interdisent à leurs employés d’adhérer au syndicat. Car pensent-ils, qu’un syndiqué est synonyme d’un travailleur insoumis. Ils se disent qu’au sein du syndicat, le travailleur connait ses droits, et du coût, ne se laisse plus duper », résume Claudine Mboudou Mballa. Pour elle, en organisant un atelier comme tel a été le cas le 12 juin à la salle de réunion de la délégation régionale de la promotion de la femme et de la famille du centre, il était question de « valoriser les travailleuses domestiques qui sont déjà capables de prendre leur destin en main pour se rapprocher du gouvernement et l’interpeller sur ce qu’il doit davantage faire pour protéger ce secteur ».
Au sein du gouvernement camerounais, la problématique du travail domestique n’est pas à négliger. Selon Nathalie Guimba, inspectrice général en service au ministère de la promotion de la femme et de la famille, le plus grand chalenge aujourd’hui, « c’est déjà de l’inscrire dans les missions du Minpropff. Le ministère ne peut que porter le plaidoyer et le transmettre à qui de droit » a-t-elle promis.
Parmi les partenaires qui accompagnent le Syndicat national des travailleurs et travailleuses domestiques, professionnels (Snatdpro) dans son plaidoyer, il y a la fondation Friedrich Ebert Stiftung. Pour Nina Nietzerg, sa Représentante résidente pays, « l’initiative du syndicat est louable. « Nous sommes contents qu’il y ait un syndicat des travailleurs domestiques au Cameroun. Il faut un syndicat fort pour créer un cadre légal de défense des droits des travailleurs. Au Cameroun depuis plusieurs années, nous nous concentrons sur les travailleurs et travailleuses domestiques. Nous avons constaté qu’il y a beaucoup de progrès mais également des défis à relever dans ce secteur. Y’en a qui travaillent sans contrat, qui font des heures supplémentaires impayés, qui sont confrontés à des abus et à de très mauvaises conditions de travail. C’est un phénomène mondial, ça existe dans les familles camerounaises, ça existe également dans des familles expatriées qui vivent ici au Cameroun », s’est-elle indignée.
Les normes minimales fixées par la Convention n°189
En matière d’heures de travail, la convention 189 de l’OIT demande en son article 10 aux Etats, de prendre des mesures visant à assurer l’égalité de traitement entre les travailleurs domestiques et les travailleurs en général en ce qui concerne les heures normales de travail, la rémunération des heures supplémentaires, les périodes de repos journalier et hebdomadaire, et les congés payés annuels.
Jean Charles Biyo’o Ella